Qu’appelle-t-on un séminaire ?
La pédagogie heideggérienne

Séminaire extérieur, octobre 2011-juin 2012
Collège International de Philosophie, Paris

Sous la direction de Christophe PERRIN (Université Paris-Sorbonne)

De l’obtention de son habilitation à enseigner en 1915 jusqu’à l’interdiction de sa participation à toute activité universitaire en 1946, puis de la levée de celle-là qu’accompagne son élévation à l’éméritat en 1951 jusqu’à son départ en retraite en 1958, Martin Heidegger aura professé trente ans durant, et aux meilleurs étudiants. Loin pourtant que ses cours aient cantonné son enseignement à l’Alma Mater, ses séminaires en passaient les frontières, eux qui, protocolaires ou libres, publics ou privés, menés seul ou co-dirigés, ont aussi bien pu se faire à Zürich, Todtnauberg, Zollikon, comme au Thor ou à Zähringen.

Se faire et non se donner, car Heidegger s’est voulu animateur de séminaires d’un genre nouveau, ou plutôt au vieux sens du mot, le seminarium désignant la pépinière où croît un savoir destiné, comme tout semis, à être repiqué, c’est-à-dire transmis, sinon transformé puisque augmenté. Point de monologue savant partant, mais de l’ironie et de la maïeutique : désireux de « philosopher socratiquement », le maître faisait tout pour faire de ses auditeurs des interlocuteurs, et par là même des penseurs, rompus à l’exercice que l’être requiert. Mais sans doute l’ »affaire Heidegger » a-t-elle recouvert l’affaire de Heidegger qui, parce qu’elle est l’affaire du penser, est d’abord l’affaire de la pensée.

C’est précisément l’ombre jetée sur cette pensée, unique en son genre puisqu’elle le renouvelle, que nous voudrions lever en nous attachant à la pédagogie heideggérienne. Éminent professeur mais surtout simple magister, dont l’enseignement n’a toujours cherché à offrir à qui le recevait que les rudiments à partir desquels l’on peut, non pas s’orienter dans, mais s’initier à la pensée, Heidegger s’est très tôt démarqué de ses pairs par l’art et la manière dont il accomplissait leurs gestes ordinaires. Apprendre et faire apprendre, dialoguer et écouter, lire et traduire, voir et montrer, philosopher et poétiser, autant de tâches par lui revisitées, qu’il convient justement de redécouvrir en faisant séminaire.

Programme

Mercredi 12 octobre
– Christophe PERRIN (Université Paris-Sorbonne)
« De l’agora au séminaire : Heidegger et Socrate ».

Mercredi 9 novembre
– Franz-Emmanuel SCHÜRCH (Collège André-Laurendeau)
« La philosophie ou la pédagogie au sens strict ».

Mercredi 7 décembre
– Mark SINCLAIR (Manchester Metropolitan University)
« Heidegger, l’enseignement et la recherche ».

Mercredi 15 février
– Cathy LEBLANC (Université catholique de Lille)
« Enseigner à écouter avant d’enseigner à parler ».

Mercredi 14 mars
– François JARAN (Universitat de València)
« Le séminaire comme laboratoire. L’expérience de la lecture de Schelling en 1927-1928 ».

Mercredi 11 avril
– Julien PIÉRON (Université de Liège)
« Le style de Heidegger – entre éducation, philosophie et politique ».

Mercredi 16 mai
– Élodie BOUBLIL (Mc Gill University)
« « Denken wir für einen Augenblick… » : rythme, topique et possibilités du discours ».

Mercredi 13 juin
– Christian SOMMER (CNRS/Archives Husserl, Paris)
« La question de la réponse. Protreptique et psychagogie dans Was heisst Denken? de Heidegger ».

Les séances auront lieu de 18h30 à 20h30, salle JA01 au 1, rue Descartes (métro : Maubert Mutualité/Cardinal Lemoine).